Née dans une famille paysanne de Vendée dans les années 60, je me suis incarnée avec une maladie auculaire qui me permettait de voir uniquement la lumière, les couleurs et les formes de façon floue. J’ai connu très vite la séparation liée aux nombreuses hospitalisations dont la première à l’âge de 3 semaines.
J’ai donc suivi ma scolarité : primaire et collège dans un milieu exclusivement féminin tenu par des religieuses. La blessure d’abandon ravivée, j’ai tenu le cap en développant mon autonomie. Petite fille dynamique, enjouée, sensible et ayant de la facilité pour les études, j’avais un lien précieux avec les êtres de l’invisible et de la nature, de véritables compagnons de route. Mon étoile intérieure, comme je l’appelle encore aujourd’hui, me guidait naturellement et tout me semblait simple et facile. Néanmoins, je constatais déjà ma différence liée à mes facultés de perceptions bien au-delà de ma différence physique. De plus, je soulageais mes yeux douloureux en imposant spontanément mes mains. Par ailleurs, mes qualités de communication, d’expression à travers le chant et le théâtre, d’écoute de mes camarades en difficulté se déployaient aisément et joyeusement. J’ignore quelle devise rythmait mon quotidien, mais je me souviens de vouloir réussir à tout prix pour travailler dans la relation d’aide et de soin. Mais réussir, quel sens portait ce verbe ?
Des ombres ont obscurci ce tableau entraînant des réactions de ma part déterminantes pour ma vie d’adulte. Oui, j’ai été témoin de la violence des religieuses et de la violence des hommes de ma famille : violence de personnes représentant l’autorité. Incompréhension, déception, tristesse et colère ! Je me suis détournée de mon étoile intérieure car, s’il y avait une flamme, une étoile dans le cœur de chacun, comment pouvait-elle laisser de tels actes avoir lieu ? Et c’est bien plus tard que j’aurai une conscience plus éclairée sur ces évènements.
Jeune adolescente, courageuse et téméraire, j’ai intégré un lycée mixte où je me suis débrouillée seule en agissant sur mes propres forces, gouvernée par ma personnalité. De la petite fille expansive et pétillante, je suis devenue une jeune fille introvertie perdant presque l’usage de la parole, ayant peur des hommes et surtout, ne croyant plus à rien… Je cherchais essentiellement à regarder vers l’extérieur tandis que le peu de vision qui me restait baissait de jour en jour. Quel dommage de ne pas avoir rencontré à ce moment-là la méditation !!! Seule, une relation amoureuse m’a permis de garder pied sur terre ainsi qu’une force irrésistible de vivre.
Ma formation de masseur kinésithérapeute sur Paris s’est déroulée avec beaucoup d’intérêt lors des stages : écouter, prendre soin de l’autre, être attentive… J’avais l’impression étrange à nouveau d’être guidée mais mon obstination mentale me bouchait la vue et, sans jeu de mots. Plusieurs épreuves ont ponctué mon parcours : rupture amoureuse, perte définitive de la vue et je vous le donne en mille, j’ai choisi d’exercé mes fonctions de kinésithérapeute près d’enfants et adultes autistes et psychotiques dont l’usage de la parole se réduisait à quelques mots ou des cris. Cette période, certes difficile a été riche d’enseignements. J’ai approfondi mon écoute, ma sensibilité tactile mais aussi, une communication non-verbale voire paraverbale. Tous ces patients ont réveillé mes émotions bien enfouies et j’ai encore aujourd’hui beaucoup de gratitude pour eux. J’ai donc entrepris différentes formations afin de mieux me comprendre, me connaître, m’aimer et cesser de subir la vie. Une drôle de sensation m’envahissait comme une nostalgie d’un ailleurs, d’un autre temps. Je n’acceptais pas mon incarnation. Je me sentais en décalage malgré mon désir ardent d’aller de l’avant : situation très inconfortable. Une plongée dans l’hypno sophrologie relaxation au cœur des émotions a complètement modifié mon regard sur la vie et j’ai surtout retrouvé confiance en moi. Sur mon lieu de travail, j’ai osé plus de créativité. Face aux patients angoissés, j’émettais spontanément des sons inspirés et j’en observais les bienfaits sur eux et sur moi-même. Et quel bonheur de sortir de mon mutisme ! J’ai amplifié cette connaissance intuitive par un gros travail en chant spontané. Curieusement, c’est par la sophrologie et les sons que j’ai renoué avec mon étoile intérieure et j’ai retrouvé la foi dans la vie. Une véritable renaissance !
J’ai donc démissionné en 1994 de mon emploi de kiné afin de transmettre ces deux outils merveilleux ainsi que des soins énergétiques et massages globaux près de publics divers : dans une association de personnes ayant le cancer et dans une association accueillant des personnes en recherche d’emploi et surtout en grande difficulté de vivre.
Ces explorations se sont enrichies par des années de massage indien, 6 ans de médecine chinoise, médecine de la résonance, diverses approches de soins énergétiques et reiki. Différentes retraites près de moines indiens, moines bouddhistes chinois, homme médecine péruvien, lama allemand et une immersion dans le tantra ont jalonné mon chemin. Je me suis reconnectée à ma nature profonde en découvrant différents aspects de mon être et de ma personnalité, et j’ai tonifié ma foi dans le tout possible de la vie en me plongeant dans le miroir des contes et ses clefs de transformation.
Passionnée par ces récits initiatiques qui nous aident à écrire notre vie chaque jour, j’ai eu l’opportunité de participer à plusieurs reprises à des spectacles expérienciels à partir de contes mêlant ainsi créativité, transmission et surtout une ouverture de conscience.
Je peux affirmer aujourd’hui que je suis reliée à mon étoile intérieure ; j’ai développé une vision profonde et plus juste, une parole plus aimante, inspirée et créatrice, un cœur ouvert à la magie de la vie. Je me sens en interdépendance avec tous les êtres ainsi que le monde invisible. J’ai conscience d’être semblable à tous, puiser ma lumière à la même source et pourtant, me reconnaître différente en affichant ma couleur spécifique : vivre le bonheur au quotidien, écrire ma vie jour après jour en étant guidée
Mon grand maître est la vie elle-même chapotée par l’humour.…
Il y a quelques temps, je me suis posée la question suivante : me fallait-il suivre autant de séminaires d’introspection, chanter des milliers de mentra etc etc pour atteindre le bonheur ? Peut-être que pour moi, oui.
Et la spiritualité, doit-elle être austère ? Je ne pense pas.
Nous sommes des êtres spirituels, il s’agit de nous humaniser en vivant pleinement l’instant présent afin d’éveiller qui nous sommes : la joie la paix et l’amour…